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1989

Mer d’Aral

La mer d’Aral renaîtra-t-elle un jour ?

Article créé le 12 mai 2011, dernière mise à jour 13 septembre 2012


Voir en ligne : Mer d’Aral

Dans les années 60, le lac d’Aral, communément appelé « Mer d’Aral » était le 4ème lac du monde avec une superficie de 66’458km2. Cinq pays se partagent le bassin du lac d’Aral : Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizistan, Turkménistan, Ouzbékistan. Alimenté par deux affluents principaux, l’Amou Daria et le Syr Daria, le bassin-versant de ce lac d’eau   salée compte 17’752 glaciers pour une superficie d’environ 1549000 km2.

La Mer d’Aral aujourd’hui
 Dans les années 80, les 2 fosses de son sous-sol se séparent (Letalle & Mainguet, 1993) : la mer d’Aral se compose désormais de 2 lacs (>>> voir animation)
 Sa superficie a drastiquement diminué, atteignant 10’033km2 en 2011 (Roll & all., 2003).
 En 1960, les deux affluents principaux, apportaient en moyenne 53,7km3/an, plus 5,63km3 de précipitations (10mm par an) (Letalle & Mainguet, 1993) ; en 2004, Renard estime le débit moyen à 4,12 km3/an.

Les modifications de la Mer d’Aral s’expliquent en partie par le recul des glaciers de son bassin-versant -depuis 1957, ils ont perdu 20% de leur surface, ce qui représente 104 milliards de m3 d’eau   (Unesco, WWDR3)- et par la construction du canal Karakum -canal d’irrigation le plus long du monde (1375 km)-, qui prélève les eaux de l’Amou Daria, sans retour dans la Mer d’Aral.

En 40 ans, la surface de la « mer d’Aral » a perdu 640km3 d’eau  , faisant émerger 2,6 millions d’hectares de terre. Cette modification a des conséquences multiples :

Sur ces nouvelles terres désertiques, le climat   s’est modifié. Les pluies plus intenses causent des dommages, les hautes températures augmentent et l’agriculture consomme 10% de plus d’eau  . L’érosion s’accélère, le vent soulève 200 millions de tonne de poussière salines qui vont se déposer sur les glaciers et accélèrent encore leur assèchement (Unesco, WWDR3 ).

La santé est elle aussi affectée : les populations vivant dans une « zone de désastre écologique » souffrent de problèmes aigus de santé (Micklin, 2002, MSF 2000). De 1983 à 1998, il y a eu une augmentation de 3’000 % des cas de bronchite chronique et de maladies des reins et du foie, en particulier le cancer, tandis que l’arthritisme a augmenté de 6’000 % (source : http://www.fao.org/AG/fr/magazine/9809/spot2.htm).

Enfin, une des conséquences indirectes majeures de l’assèchement du lac est le chômage, notamment pour les pêcheurs. 50 millions de personnes dépendent du bassin-versant de la Mer d’Aral pour leur activité ; en 2006, on estime que 80% de la population active est au chômage (2006). La pêche représentait plusieurs centaines de milliers de tonnes dans les années 50 ; ces dernières années, les chiffres sont estimés à 4000 [T/an] (source : n029, Le drame de la mer d’Aral www.delaplanete.org, 2006).

Les pays concernés ont formé une commission de développement du bassin de la mer d’Aral pour mettre en place des programme de développement avec l’aide de l’UE, de la BM, du PNUD et de la Banque Asiatique.

L’Ouzbékistan a ainsi planté 300’000 hectares de Saxaoul (arbuste), qui produisent 167 000 tonnes d’oxygène en absorbant 2,3 tonnes de CO2. Commencé dans les années 1980, ce programme n’a pu reprendre qu’en 2008, faute de financement. Ces plantes ne sont pas seulement une aide contre l’érosion, elles jouent également un autre rôle essentiel : selon le Prof. Zinovi Novitsk, elles permettent de réduire l’effet de serre. Mais parallèlement à ce type de projet, l’Ouzbékistan reste le 2ème exportateur mondial de coton en 2011 -2 millions d’hectares de coton y sont encore cultivés- ; or l’irrigation reste incontrôlée puisque le coton est une culture hautement demandeuse d’eau  , accentuant ainsi les phénomènes naturels d’assèchement.

D’autres études démontrent d’autres pistes de compréhension du phénomène d’assèchement. Zavialov décèlerait un lien entre la hausse de la mer Caspienne et l’abaissement de la mer d’Aral ; pour Chilo, académicien russe, ce sont les fonds des mers (Caspienne et Aral) qui seraient très friables.... et un historien Bunyatov (Ziya Bunyatov : http://www.enotes.com/topic/Ziya_Bunyadov?print=1) démontre que ce lac aurait déjà agonisé quatre fois au cours des siècles. Allant dans ce sens, des analyses contradictoires sur la mort programmée pour 2025 de la Mer d’Aral ont été publiées récemment ; des signes d’espoir sont même apparus dernièrement depuis que la digue séparant les 2 lacs est terminée (2005) ; l’eau   remonte progressivement et la pêche a repris depuis 2006.

Même si les causes de l’assèchement sont d’origines multiples, celui-ci a été multiplié et amplifié par une gestion désastreuse de l’eau  . Des mesures adaptées au milieu aurait permis de mieux préserver "La Mer d’Aral".

Sources
 http://members.unine.ch/philippe.renard/articles/2005gascoin.pdf
 http://www.worldlakes.org/uploads/aralsea_30sep04.pdf
 http://www.springerlink.com/content/v68q738213242727/
 Hydrographic survey in the dying Aral Sea, Zavialov &all, geophysicals research letters, vol 30 no 13, 1659, doi : 10.1029/2003GLO17427,2003 http://www.agu.org/journals/ABS/2003/2003GL017427.shtml
 Sustainability Analysis for Irrigation Water Management in the Aral Sea Region http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/summary?doi=10.1.1.122.4504
 The Aral Sea Disaster – Human Biomonitoring of Hg, As, HCB, DDE, and PCBs in children living in Aralsk and Akchi, Kazakhstan :
http://www.sciencedirect.com/science?_ob=ArticleURL&_udi=B7GVY-4GFMPDW-6&_user=9565874&_coverDate=12%2F31%2F2004&_rdoc=1&_fmt=high&_orig=gateway&_origin=gateway&_sort=d&_docanchor=&view=c&_searchStrId=1691879795&_rerunOrigin=google&_acct=C000043220&_version=1&_urlVersion=0&_userid=9565874&md5=9f3bd603b4e4adbef252c8daa476c680&searchtype=a
 Aral, R.Letolle & M. Mainguet, Springer-Verlag, 1993
 Mer d’Aral : comment inverser une catastrophe écologique

En savoir plus
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